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Eleveur
Christophe Lalande - Client Cerfrance Dordogne depuis 2001
LE METIER D'AGRICULTEUR
« Être agriculteur, ce n’est pas un travail, c’est un mode de vie, une façon d’être, affirme Christophe Lalande. Malgré ses contraintes, c’est un beau et noble métier. Mais le monde agricole est hautain et obtus. L’agriculture ne doit plus être linéaire : telle quantité d’ensilage est égale à telle quantité de bêtes. On le voit bien aujourd’hui : les grosses structures sont grippées dès le moindre grain de sable que ce soit le climat, l’augmentation du prix des intrants ou la baisse de la consommation. On crée alors une semi-pénurie pour remonter les prix de vente. Il faut désormais privilégier la qualité à la quantité et respecter le partenaire qu’est l’animal pendant toute sa durée de vie ».
Ce credo, l’agriculteur s’est efforcé de l’appliquer tout au long de son parcours dans l’agriculture, monde dans lequel il baigne dès son plus jeune âge. « J’ai passé de nombreuses vacances à aider mes grands-parents maternels à la ferme. A 14 ans, je conduisais déjà le camion bétaillère ! Ma grand-mère m’a transmis le goût de l’élevage. » Pas celui des études. Avec comme objectif la reprise de l’exploitation, il passe quand même un bac STA (Sciences et technologies de l’agronomie et de l’environnement) et un BTS Gestion et maitrise de l’eau.
LA REPRISE DE L'EXPLOITATION
Après quelques années comme vacher et comme commercial en agrofournitures, en attendant la conclusion de la procédure de transition judiciaire, il succède à un oncle sur l’exploitation. « Il restait essentiellement du foncier, raconte M. Lalande. Avec Cerfrance Dordogne, on a étudié mon projet. A contre-courant, j’ai décidé d’acheter 45 montbéliardes laitières, en provenance du Jura, et de troquer mon 4x4 contre un tracteur ».
Il s’associe ensuite avec son voisin pour monter un atelier mouton et faire des agneaux. « Mais il y a eu un différend entre nos deux familles. De plus s’est imposé à moi le choix d’un investissement pendant 20 ans pour mettre aux normes les bâtiments ou le changement de production en passant aux broutards allaitants. Comme j’avais envie d’avoir une vie privée, inconcevable dans mon milieu, j’ai finalement dit stop ».
LE DEPART POUR L'ARGENTINE
On est en 2007 et l’Argentine sort d’une crise économique. « Il y avait de superbes opportunités de propriétés à 200 € l’hectare ! », s’exclame Christophe Lalande. Un commerçant lui trouve 400 hectares de terres irrigables au nord-ouest du pays. « A une journée de voiture de la capitale », précise-t-il. Après 4 voyages en 6 mois et la mise en culture de son exploitation, il s’envole pour de bon. « Je ne parlais pas un mot d’espagnol ni d’anglais ! »
TOURISME CYNEGETIQUE
Très vite, il découvre que l’Argentine est le paradis de la chasse et de la pêche et sympathise avec son vendeur d’appâts. « C’était ni foi ni loi là-bas à cette époque. J’ai donc l’idée de proposer du tourisme cynégétique. Le film de promotion à peine tourné, j’ai vendu un voyage que je n’avais pas encore ! On a eu un mois pour tout préparer : campement, personnel, autorisations auprès des propriétaires privés, cuisinier, logistique, déplacements », relate le futur guide de chasse.
La sauce prend. Palombes, canards et gibier tués lors de ces voyages sont donnés aux habitants. Par l’intermédiaire d’un participant, un troisième associé arrive et apporte une clientèle très fortunée.
« Je faisais 6 mois en Argentine, 6 mois en France pendant la période hivernale. Les normes environnementales, la corruption de la police et l’explosion de l’agriculture (des forêts primaires remplacées par du soja, des marais asséchés pour l’irrigation des terres agricoles) m’ont poussé à trouver une zone de chasse plus à l’est de l’Argentine. »
LE RETOUR EN FRANCE ET L'ACCOMPAGNEMENT CERFRANCE DORDOGNE
Alors que sa femme, une autochtone, attend leur deuxième enfant, la grand-mère de Christophe Lalande décède. « Il fallait que je me décide de ce que je voulais faire de l’exploitation. C’était son héritage, sa passion. Il m’était impensable de m’en séparer. Mon activité commençait en plus à tourner à la chasse intensive commerciale, ce qui n’était pas pour me plaire. On a décidé de rentrer en France. Pendant 12 ans, j’ai profité grandement de la vie et j’ai eu le temps de visiter beaucoup de pays alentours », se remémore le quarantenaire.
De retour à Saint-Front-d’Alemps, Cerfrance Dordogne est toujours aux côtés de l’agriculteur. « En six mois, on a réalisé l’étude prévisionnelle à l’installation. J’ai été très bien suivi par mon conseiller. Dès que j’ai une idée, je l’appelle et on en débat. Il me remet souvent les pieds sur terre ! », s’amuse-t-il.
VEAUX SOUS LA MERE
L’éleveur part alors sur le veau sous la mère avec des limousines de très bonne génétique. « J’étais donc novice. Mais contrairement à ce que me préconisait les techniciens de la Chambre d’agriculture, je n’ai pas mis en place de salle de tétée alternée. Mes veaux sortent et bougent un peu pour aller téter. »
Ils sont également amenés jusqu’à 6 mois au lieu des 4 demandés par les coopératives et vendus directement aux particuliers. « Cela évite la mammite des vaches que je nourris essentiellement au foin et à la luzerne. Elles sont ainsi moins malades et je compresse mes charges par la même occasion. Mes veaux sont donc plus rentables tout en étant qualitatif. »
VACHES ANGUS
L’agriculteur a également quelques broutards et vient d’acquérir des vaches Angus, une race rustique originaire d’Ecosse. « L’idée était de retrouver le goût de la viande argentine, très persillé. Et comme c’est une race qui est restée assez originelle, elle a beaucoup d’avantages : sa précocité, seulement 25 à 32 mois pour finir un bœuf contre jusqu’à 3 ans pour une limousine, sa capacité d’adaptation, sa santé moins fragile, son vêlage plus facile et son lait plus riche. » Et contrairement au veau sous la mère, le rapport qualité-prix est très intéressant pour le consommateur.
TEMOIGNAGES DANS LES ECOLES
Aujourd’hui, Christophe Lalande est invité par Cerfrance Dordogne à témoigner auprès des élèves en agriculture. « J’adore discuter et échanger. Pour moi, ce qui leur est enseigné à l’école est déjà obsolète. Ils doivent surtout apprendre à écouter et à analyser pour ne pas devenir des marchands de bétail. »